Balder Ex-Libris

Auteur : Gentizon Paul
Ouvrage : La tragédie des États-Unis
Année : 1942

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Peu de problèmes ont été aussi incompréhensibles aux' Européens que l'attitude des Etats-Unis en face de la guerre actuelle. Ce pays est vaste et riche. Il n'est pas surpeuplé. Il est doté d'immenses ressources naturelles tout en étant admirablement équipé pour leur exploitation. Ses habitants sont actifs, intelligents. De plus, ils ont l'immense avantage d'être garantis contre tout péril d'agression. La situation géographique des Etats-Unis est en effet l'une des plus avantageuses du monde. Tandis que leurs voisins du nord et du sud sont à la fois petits et faibles, leurs rivages, à l'est et à l'ouest, sont protégés contre l'Europe et le Japon par des milliers et des milliers de milles marins. Cependant les Etats-Unis ou du moins leurs dirigeants et leur presse n'ont cessé, depuis 1939, de répéter qu'ils étaient dangereusement menacés. Dès le début de la guerre européenne, leur Congrès a voté une quantité étonnante de milliards pour la défense nationale en même temps que pour aider l'Angleterre, considérée comme première ligne de cette défense. Un homme, le président des Etats-Unis, a dirigé le mouvement. Bien que la doctrine fondamentale de son pays en matière de politique étrangère, celle de Monroë, repousse toute intervention européenne dans les affaires de l'Amérique, M. F. Roosevelt a Jugé que la réciproque n'avait pas de raison d'être et que la République étoilée avait le droit de s'ingérer dans les affaires de l'Europe. Le fait est que, avant cette guerre déjà, il s'est intéressé manifestement beaucoup moins aux questions intérieures américaines qu'aux problèmes extérieurs, même à ceux qui ne concernent en rien directement les Etats-Unis. Son discours du 5 octobre 1937, à Chicago, où il prit à partie les « Etats agresseurs » et les menaça de «quarantaine», fut la première manifestation officielle de ce nouveau tournant de sa politique. Deux mois plus tard, dans un télégramme à l'un des chefs républicains, M. A. Landon, il fit savoir que le gouvernement des Etats-Unis devait être prêt en cas de nécessité à entrer en lutte contre les « agresseurs ». Quelles furent les causes de cette évolution? S'agissait-il vraiment d'un souci croissant en présence d'une menace extérieure d'ordre idéologique, économique, militaire? Ou bien M.F. Roosevelt, après les échecs répétés de sa politique intérieure, cherchait-il à diriger l'attention de ses compatriotes en dehors des frontières de l'Etat? Ou bien encore était-il poussé à agir de la sorte soit par l'influence de son entourage, soit par un ressentiment particulier, soit encore par l'ambition de jouer un rôle de premier plan sur la scène du monde? Il est difficile de le dire. Le fait est que, dès janvier 1938, M. F. Roosevelt n'a cessé d'agir ouvertement, sur le terrain politique et diplomatique, contre les puissances de l'Axe et leurs amis; en même temps, il a tout mis en œuvre pour assurer un développement intensif des armements américains. A aucun moment, il n'a dévié de sa ligne de conduite et n'a modifié son point de vue. Et tout faisait prévoir qu'un jour ou l'autre, les Etats-Unis entreraient dans la mêlée. ...