Balder Ex-Libris

Auteur : Cavaignac-Dardenne Henriette
Ouvrage : Lumières sur l'affaire Dreyfus
Année : 1964

Lien de téléchargement : Dardenne_Henriette_-_Lumieres_sur_l_affaire_Dreyfus.zip

L'AFFAIRE DREYFUS CRISE DE CONSCIENCE NATIONALE d'après les notes et archives de GODEFROY-CAVAIGNAC par sa fille : Henriette Dardenne. L'affaire Dreyfus se présente sous deux. faces intimement liées l'une à l'autre : une face judiciaire -une face politique : celle-ci dominant l'autre par l'importance de ses conséquences sur les destinées politiques du pays : une évolution radicale et néfaste de la direction de la France au point de vue national. Le soin qu'ont pris ses gouvernants successifs de dissimuler aux générations qui n'ont pas vécu l'Affaire Dreyfus les vues politiques qu'elle avait pour but de servir, fait que, tout en subissant les conséquences, nos contemporains demeurent totalement inconscients tant de l'évolution elle-même que de ses causes profondes. Ils n'envisagent l'Affaire Dreyfus que sous son aspect judiciaire : aspect qui ne leur a jusqu'à présent été présenté que selon la version des partisans de Dreyfus, appuyée sur une déformation flagrante des faits de la cause. Ce qui peut surprendre c'est que, malgré cette présentation unilatérale et éminemment tendancieuse, l'arrêt du 12 juillet 1906 proclamant l'innocence de Dreyfus ne leur semble cependant pas avoir réglé la question de sa culpabilité. Maintes fois cette question nous a été posée : il faut conclure qu'elle reste ouverte. Le fait a été illustré par un combattant de la grande guerre 1914-1918 : il relate qu'étant au front, son colonel vint un jour lui annoncer à lui et à ses camarades, l'arrivée prochaine d'un jeune officier, un charmant camarade, le fils d'Alfred Dreyfus. Il ajoutait un conseil dont ils comprendraient certainement l’opportunité : " éviter d'aborder devant lui certain sujet. " Eh quoi ! pensa le combattant, si l'innocence du père est démontrée, le fils ne doit-il pas chercher toute occasion de la proclamer? Le 20 octobre 1908, dans une séance mémorable de la Chambre, un député d'extrême-gauche ayant affirmé : " qu'il n'y avait plus d'Affaire Dreyfus " M. Btétry répondait : " Il y a toujours des citoyens qui estiment que, tant qu'un jugement rendu dans toutes les formes ne sera pas intervenu, elle ne sera pas définitivement jugée. " Elle ne l'était pas en 1908, deux ans après l'arrêt d'acquittement, peut-on s'étonner qu'elle ne le soit pas davantage aujourd'hui ? Telle est la raison pour laquelle l'intérêt de nos contemporains, inconscients de la crise politique ouverte par l'Affaire Dreyfus, porte sur la cause judiciaire... la raison pour laque1le aussi, le souci de réduire au minimum le développement d'un sujet extrêmement touffu et complexe nous obligeant à faire un choix, il nous a semblé que, dans notre exposé la face politique de l'Affaire devait céder le pas à sa face judiciaire. Celle-ci forme la matière de ce livre. La face politique sera traitée à son heure. Une raison d'ailleurs suffirait à justifier ce choix, c'est que les révélations apportées par les archives de Godefroy Cavaignac éclairent les éléments de la cause d'une lumière assez vive pour satisfaire les consciences les plus éprises de justice et de vérité. L'exposé des visées politiques au service desquelles a été menée l'entreprise de réhabilitation de Dreyfus sera réduite au minimum nécessaire pour l'intelligence du sujet. Il formera la matière d'un second volume consacré à l'évocation de la crise de conscience nationale provoquée à dessein par les promoteurs de l'Affaire Dreyfus en 1897. Le souci de brièveté qui nous a forcé à scinder notre sujet en deux parties, nous a malheureusement obligé aussi à abréger plus d'une argumentation utile. Les lecteurs qui désireront avoir la justification plus complète de nos affirmations la trouveront dans l'important ouvrage qui, sou& le titre : « L'Affaire Dreyfus - crise de conscience nationale» rassemble dans un exposé sans lacune les deux faces : politique et judiciaire de l'Affaire Dreyfus. ...